Les campagnes du II/R.A.C.M.
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MATTH. BIRK à TROSSINGEN / WURT.
à 600 exemplaires.
SOMMAIRE
II — OPERATION DE l'ILE d'ELBE (du 17 juin au 11 juillet)
III — DEUXIEME SEJOUR EN CORSE (du 12 juillet au 24 août)
IV —CAMPAGNE DE FRANCE
A — Opération de TOULON (25 au 28 août)
B — Bivouac à TOULON (29 août au 4 septembre)
C — Montée vers le Nord (5 septembre au 20 septembre)
D — Opérations de la Boucle du Doubs (21 septembre au 12 novembre)
E — Bataille de la boucle du Doubs (13 novembre au 29 novembre)
F — Opérations de Haute-Alsace (30 novembre au 19 janvier 1945)
G — Bataille de MULHOUSE (20 janvier au 9 février)
H — La Garde au Rhin (10 février au 1er avril)
V —CAMPAGNE D'ALLEMAGNE
A — Rive gauche du Rhin (2 avril)
B — Bataille de KARLSRUHE (3 et 4 avril)
C — Opérations de KARLSRUHE à RASTATT (5 au 12 avril)
D — « « RASTATT à OFFENBOURG (13 au 17 avril)
E — « « OFFENBOURG à FRIBOURG (18 au 23 avril)
F — « « FRIBOURG au Lac de Constance (24 avril au 8 mai)
I — PREMIER SEJOUR EN CORSE (du 18 avril au 16 juin 1944)
II — OPERATION DE l'ILE d'ELBE (du 17 juin au 11 juillet)
III — DEUXIEME SEJOUR EN CORSE (du 12 juillet au 24 août)
IV —CAMPAGNE DE FRANCE
A — Opération de TOULON (25 au 28 août)
B — Bivouac à TOULON (29 août au 4 septembre)
C — Montée vers le Nord (5 septembre au 20 septembre)
D — Opérations de la Boucle du Doubs (21 septembre au 12 novembre)
E — Bataille de la boucle du Doubs (13 novembre au 29 novembre)
F — Opérations de Haute-Alsace (30 novembre au 19 janvier 1945)
G — Bataille de MULHOUSE (20 janvier au 9 février)
H — La Garde au Rhin (10 février au 1er avril)
V —CAMPAGNE D'ALLEMAGNE
A — Rive gauche du Rhin (2 avril)
B — Bataille de KARLSRUHE (3 et 4 avril)
C — Opérations de KARLSRUHE à RASTATT (5 au 12 avril)
D — « « RASTATT à OFFENBOURG (13 au 17 avril)
E — « « OFFENBOURG à FRIBOURG (18 au 23 avril)
F — « « FRIBOURG au Lac de Constance (24 avril au 8 mai)
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HISTORIQUE DU II/R.A.C.M.
Campagnes 1944-1945
I - PREMIER SEJOUR EN CORSE
En Corse le Groupe se rassemble au fur et à mesure des débarquements des divers détachements. L'instruction continue. Des écoles à feu ont lieu, ainsi que plusieurs manœuvres d'embarquement et de débarquement sur LANDING CRAFT TANKS (LCT) et LANDING CRAFT INFANTRY (LCI). Le Groupe travaille dans le cadre d'un Régiment COMBAT TEAM avec le 13° RTS, chaque batterie dans celui d'un BATALLION LANDING TEAM avec le bataillon correspondant. Tout le monde sent que quelque chose se prépare et attend avec impatience le jour J.
Le 19 mai le détachement matériel du Groupe fait mouvement sur PORTO VECCHIO. Ce détachement comprend un embryon d'E. M. et les 3 batteries moins les T. R. Le Chef d'Escadron commandant le Groupe et le détachement personnel font simultanément route sur BASTIA où ils rejoignent l'E. M. du 13° R. T. S.
Le séjour sur les Aréas se présente assez mal. Il fait une chaleur torride, l'eau est rare, la poussière abondante, l'ombrage inexistant. Mais chacun supporte ces misères sans sourciller. La rade est remplie de L. C. T. et nous savons que sous peu nos véhicules, nos canons et nous-mêmes embarqueront sur ces bâtiments et que de nouvelles aventures s'offriront à nous. Hélas, il fallut rapidement déchanter. Le 29 mai l'ordre vint, brutal, de quitter les aréas et de se reformer ailleurs. Le détachement matériel retrouva à Ste LUCIE le détachement personnel et l'attente recommença.
Enfin le 9 juin le Groupe se scinde à nouveau et chaque détachement retourne aux ports d'embarquement.
Sept jours après, l'embarquement a lieu. Le secret avait été levé la veille au soir : la Division allait attaquer l'île d'ELBE. Elle allait être la première — et la suite de la guerre montra qu'elle fut la seule — à opérer un débarquement de vive force sur une côte puissamment défendue par l'ennemi.
Campagnes 1944-1945
I - PREMIER SEJOUR EN CORSE
En mars 1944 le 2° Groupe du R. A. C. M. qui a perçu tout son matériel et poussé à fond son instruction attend en Algérie le moment où l'ordre lui sera donné de quitter l'A. F. N. pour prendre part à la lutte contre l'ennemi. Enfin cet ordre arrive. Le Groupe est scindé en deux détachements. L'un comportant le matériel sera embarqué à ORAN. L'autre qui ne comprend que le personnel fera mouvement sur ALGER.
Le 15 avril à 19 heures le personnel embarque à ALGER sur le MARRAKECH. Le convoi, formé avec le MEDIE II et l'EL BIAR, appareille le lendemain à midi, fortement escorté par plusieurs bâtiments de la Marine Française.
L'arrivée a lieu à AJACCIO le 18 avril vers 10 heures, après une traversée calme. Il n'y eut qu'une seule alerte, mais elle eut lieu de nuit et à peu près personne à bord ne s'en aperçut. Nous devions d'ailleurs apprendre quelques jours plus fard que le convoi avait été attaqué au retour et que l'EL BIAR avait été coulé.
En Corse le Groupe se rassemble au fur et à mesure des débarquements des divers détachements. L'instruction continue. Des écoles à feu ont lieu, ainsi que plusieurs manœuvres d'embarquement et de débarquement sur LANDING CRAFT TANKS (LCT) et LANDING CRAFT INFANTRY (LCI). Le Groupe travaille dans le cadre d'un Régiment COMBAT TEAM avec le 13° RTS, chaque batterie dans celui d'un BATALLION LANDING TEAM avec le bataillon correspondant. Tout le monde sent que quelque chose se prépare et attend avec impatience le jour J.
Le 19 mai le détachement matériel du Groupe fait mouvement sur PORTO VECCHIO. Ce détachement comprend un embryon d'E. M. et les 3 batteries moins les T. R. Le Chef d'Escadron commandant le Groupe et le détachement personnel font simultanément route sur BASTIA où ils rejoignent l'E. M. du 13° R. T. S.
Le séjour sur les Aréas se présente assez mal. Il fait une chaleur torride, l'eau est rare, la poussière abondante, l'ombrage inexistant. Mais chacun supporte ces misères sans sourciller. La rade est remplie de L. C. T. et nous savons que sous peu nos véhicules, nos canons et nous-mêmes embarqueront sur ces bâtiments et que de nouvelles aventures s'offriront à nous. Hélas, il fallut rapidement déchanter. Le 29 mai l'ordre vint, brutal, de quitter les aréas et de se reformer ailleurs. Le détachement matériel retrouva à Ste LUCIE le détachement personnel et l'attente recommença.
Enfin le 9 juin le Groupe se scinde à nouveau et chaque détachement retourne aux ports d'embarquement.
Sept jours après, l'embarquement a lieu. Le secret avait été levé la veille au soir : la Division allait attaquer l'île d'ELBE. Elle allait être la première — et la suite de la guerre montra qu'elle fut la seule — à opérer un débarquement de vive force sur une côte puissamment défendue par l'ennemi.
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II - OPERATION DE L’ILE D'ELBE
Les bateaux arrivent dans la nuit devant la plage. La nuit est noire, mais l'île se détache en plus foncé sur la mer d'huile. Le calme est absolu.
Brutalement le paysage s'anime.. Balles traceuses de mitrailleuses, explosions, incendies, tirs de D. C. A. Il est 4 heures. Un feu d'enfer se déchaine sur la plage. La compagnie qui y a pris pied est clouée au sol après des pertes énormes; tout autre débarquement à cet endroit est impossible. On l'abandonne et les LCI se dirigent vers une petite plage située plus à l'est, voire même vers les rochers. C'est là qu'à 5 H. 40 le détachement à pied de l'E. M. et les Officiers observateurs avancés des 4° et 5° Batteries sont débarqués. Cependant le jour s'est levé. Les L. C. T. ayant à leur bord les véhicules du Groupe croisent au large. A l'œil nu on peut voir les fantassins qui grimpent sur les crêtes situées à l'est de la plage. Deux canonnières anglaises et deux LANDING CRAFT GUNS les appuient des feux de leurs canons. Les L. C. T. ne peuvent s'approcher. La batterie de côte de RIPPALTI les prend à partie, les obus pleuvent dru au milieu du convoi qui se met à faire des ronds dans l'eau. A 8 h. 30, un canonnier du Groupe, BERTRAND MAX, est tué d'un éclat d'obus à la tête à bord du L. C. T. N° 567.
À terre les opérations se déroulent lentement. L'infanterie doit réduire une à une les casemates bétonnées, conquérir les crêtes qui commandent la plage de débarquement. Et tout cela avec un appui d'artillerie à peu près nul.
Mais il faut attendre que la tête de pont soit suffisamment dégagée pour permettre le débarquement de nos camions et de nos canons.
A 10 h. 30 le P. C. du Colonel commandant le 13° R. T. S. est bombardé. Le Capitaine JANNET, Officier de liaison du Groupe auprès de ce régiment est mortellement blessé et meurt pendant son transfert à la Compagnie de Ramassage.
Depuis les bateaux, des yeux anxieux suivent la bataille dont on ne voit que les grandes lignes. Tout le monde est impatient de jouer enfin son rôle dans ce combat, de faire entendre la voix de nos canons.
Lentement la tête de pont s'agrandit, les crêtes sont occupées par nos marsouins et nos goumiers. Enfin les L. C. T. s'approchent et s'échouent sur la plage de MARINA di CAMPO. Il est 15 h. 10. Rapidement le matériel est débarqué. Les chauffeurs enlevant l'essentiel du calfatage des véhicules. Le contact est pris avec le détachement débarqué depuis le matin, les fantassins ont grand besoin de notre appui, une position de Groupe a été reconnue à BONALACCIA qu'il faut occuper au plus vite.
Tous nos véhicules sont répartis sur 14 L. C. T. qui viennent successivement s'échouer sur la plage dans n'importe quel ordre.
Des jalonneurs sont laissés et les véhicules rejoignent un par un. A 17 H. 00 le Groupe est prêt à entrer en action. Il exécute des tirs d'accrochage et une concentration sur COLLE RECISO. L'ennemi réagit par quelques tirs de harcèlement sur la route de dégagement de la plage.
Le combat prend fin avec la tombée de la nuit. Les heures de répit sont mises à profit par chacun pour raconter ce qu'il a vu. La journée a été chaude, surtout pour le détachement débarqué à l'aube. Il l'a vécue au milieu des fantassins, à proximité immédiate de l'ennemi. Chacun a vu notre infanterie en difficulté alors que l'absence du Groupe excluait toute aide de notre part. Il a fallu 13 longues heures pour qu'enfin le Groupe puisse intervenir dans la bataille.
Au cours de la nuit, les ordres arrivent pour la journée du lendemain. Un bataillon du 13° R. T. S. doit attaquer dès l'aube par la route nord, en direction de PORTO FERRAIO. Un tir est prévu à 4 H. 50 sur le point d'appui de RIMESSO, repéré par photos aériennes et qui semble très solide.
L'attaque a lieu et se déroule normalement. En fin de matinée la 6° Batterie reçoit l'ordre de se porter en avant et va s'installer dans le P. A. de RIMESSO conquis le matin. A midi, nos fantassins se présentent devant PORTO FERRAIO et demandent une concentration de Groupe sur les portes de cette cité. Le tir à peine terminé est redemandé. La joie règne sur les positions où les artilleurs sentent leur action efficace. Les batteries tirent à cadence accélérée et il faut freiner les servants pour qu'ils ne dépassent pas la consommation ordonnée.
C'est à 4 heures le 17 juin que les premiers éléments du 13° R. T. S. doivent être jetés sur la plage de MARINA Dl CAMPO. Auparavant des éléments du Bataillon de choc et des Commandos auraient attaqué les grosses batteries de côte susceptibles de neutraliser la plage de débarquement.
Les bateaux arrivent dans la nuit devant la plage. La nuit est noire, mais l'île se détache en plus foncé sur la mer d'huile. Le calme est absolu.
Brutalement le paysage s'anime.. Balles traceuses de mitrailleuses, explosions, incendies, tirs de D. C. A. Il est 4 heures. Un feu d'enfer se déchaine sur la plage. La compagnie qui y a pris pied est clouée au sol après des pertes énormes; tout autre débarquement à cet endroit est impossible. On l'abandonne et les LCI se dirigent vers une petite plage située plus à l'est, voire même vers les rochers. C'est là qu'à 5 H. 40 le détachement à pied de l'E. M. et les Officiers observateurs avancés des 4° et 5° Batteries sont débarqués. Cependant le jour s'est levé. Les L. C. T. ayant à leur bord les véhicules du Groupe croisent au large. A l'œil nu on peut voir les fantassins qui grimpent sur les crêtes situées à l'est de la plage. Deux canonnières anglaises et deux LANDING CRAFT GUNS les appuient des feux de leurs canons. Les L. C. T. ne peuvent s'approcher. La batterie de côte de RIPPALTI les prend à partie, les obus pleuvent dru au milieu du convoi qui se met à faire des ronds dans l'eau. A 8 h. 30, un canonnier du Groupe, BERTRAND MAX, est tué d'un éclat d'obus à la tête à bord du L. C. T. N° 567.
À terre les opérations se déroulent lentement. L'infanterie doit réduire une à une les casemates bétonnées, conquérir les crêtes qui commandent la plage de débarquement. Et tout cela avec un appui d'artillerie à peu près nul.
Mais il faut attendre que la tête de pont soit suffisamment dégagée pour permettre le débarquement de nos camions et de nos canons.
A 10 h. 30 le P. C. du Colonel commandant le 13° R. T. S. est bombardé. Le Capitaine JANNET, Officier de liaison du Groupe auprès de ce régiment est mortellement blessé et meurt pendant son transfert à la Compagnie de Ramassage.
Depuis les bateaux, des yeux anxieux suivent la bataille dont on ne voit que les grandes lignes. Tout le monde est impatient de jouer enfin son rôle dans ce combat, de faire entendre la voix de nos canons.
Lentement la tête de pont s'agrandit, les crêtes sont occupées par nos marsouins et nos goumiers. Enfin les L. C. T. s'approchent et s'échouent sur la plage de MARINA di CAMPO. Il est 15 h. 10. Rapidement le matériel est débarqué. Les chauffeurs enlevant l'essentiel du calfatage des véhicules. Le contact est pris avec le détachement débarqué depuis le matin, les fantassins ont grand besoin de notre appui, une position de Groupe a été reconnue à BONALACCIA qu'il faut occuper au plus vite.
Tous nos véhicules sont répartis sur 14 L. C. T. qui viennent successivement s'échouer sur la plage dans n'importe quel ordre.
Des jalonneurs sont laissés et les véhicules rejoignent un par un. A 17 H. 00 le Groupe est prêt à entrer en action. Il exécute des tirs d'accrochage et une concentration sur COLLE RECISO. L'ennemi réagit par quelques tirs de harcèlement sur la route de dégagement de la plage.
Le combat prend fin avec la tombée de la nuit. Les heures de répit sont mises à profit par chacun pour raconter ce qu'il a vu. La journée a été chaude, surtout pour le détachement débarqué à l'aube. Il l'a vécue au milieu des fantassins, à proximité immédiate de l'ennemi. Chacun a vu notre infanterie en difficulté alors que l'absence du Groupe excluait toute aide de notre part. Il a fallu 13 longues heures pour qu'enfin le Groupe puisse intervenir dans la bataille.
Au cours de la nuit, les ordres arrivent pour la journée du lendemain. Un bataillon du 13° R. T. S. doit attaquer dès l'aube par la route nord, en direction de PORTO FERRAIO. Un tir est prévu à 4 H. 50 sur le point d'appui de RIMESSO, repéré par photos aériennes et qui semble très solide.
L'attaque a lieu et se déroule normalement. En fin de matinée la 6° Batterie reçoit l'ordre de se porter en avant et va s'installer dans le P. A. de RIMESSO conquis le matin. A midi, nos fantassins se présentent devant PORTO FERRAIO et demandent une concentration de Groupe sur les portes de cette cité. Le tir à peine terminé est redemandé. La joie règne sur les positions où les artilleurs sentent leur action efficace. Les batteries tirent à cadence accélérée et il faut freiner les servants pour qu'ils ne dépassent pas la consommation ordonnée.
À 17 h. 00 le restant du Groupe reçoit l'ordre de se porter en avant. La sortie de batterie est rapide et, en bon ordre, la colonne s'engage sur la route nord. Une consigne a été donnée : ne pas franchir le col de RIMESSO.
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La colonne arrive à ce point où elle trouve le Chef d'Escadron qui donne des renseignements sur la situation. PORTO FERRAIO est occupé, mais le débouché de cette ville est gêné par les tirs de plusieurs batteries ennemies situées à POGGIO - FORTINO, à MAGAZZINI, à AQUA BONA. Particulièrement la batterie de POGGIO-FORTINO prend d'enfilade la route descendant de RIMESSO sur PORTO-FERRAIO et tire dessus à vue directe. Le passage de notre colonne ne pourra avoir lieu qu'à une condition, les véhicules devront franchir le col un par un, à deux minutes d'intervalle, pendant que la 6° batterie, déjà en place, neutralisera la batterie ennemie. Pendant que les ordres sont donnés au Capitaine Cdt la 6° Batterie et en attendant l'ouverture du feu par cette unité un obus arrive en plein au milieu de la colonne sans faire aucun mal. L'ennemi nous aurait-il repérés? Ce n'est qu'une fausse alerte, car ce coup n'est suivi d'aucun autre. Quelques minutes passent. Tout à coup des balles nous sifflent aux oreilles, venant du talus boisé qui borde la route sur notre droite. Aussitôt les artilleurs foncent de ce côté, carabines et mitraillettes au poing. Le terrain est rapidement battu, et les canonniers ramènent triomphalement 2 prisonniers allemands, les premiers que le Groupe faisait.
Mais la 6° Batterie ouvre le feu. Aussitôt, une par une, les voitures franchissent le col et, sans incident rejoignent la nouvelle position, à proximité de la villa NAPOLEON. Des tirs sont aussitôt exécutés sur MAGAZZINI, puis sur AQUA BONA. Cette dernière batterie était attaquée par un bataillon du 4° R. T. S. Le tir observé par un officier d'infanterie fut exécuté grâce à un véritable tour de force des transmissions. Les observations étaient transmises par fil au P. C. du bataillon. De là elles arrivaient au P. C. T. du Groupe par 2 relais radio; les batteries étaient actionnées par fil. Le Groupe eut la joie d'apprendre que dès la levée de notre tir, l'infanterie avait donné l'assaut à la batterie qui avait été prise.
Comme cela s'était passé la veille, la nuit interrompt la bataille. La fatigue se fait sentir et ceux qui ne sont pas de service vont reprendre des forces dans un sommeil réparateur. Il y a des munitions à aller prendre sur la plage et une colonne de camions s'ébranle dans la nuit. Elle ne rentrera qu'au matin, ayant trouvé les dépôts vides et ayant été obligée d'attendre sur la plage l'arrivée des L. C. T. de ravitaillement.
Tôt dans la nuit arrivent les ordres pour la journée du 19. Le Groupe doit appuyer notre infanterie dans sa marche vers l'est. Une concentration sur MAGAZZINI est prévue pour 5 h. 30. La nuit est calme. Au matin nos canons ouvrent le feu. A 6 h. 30 le Groupe se porte en avant et s'installe au sud de PORTO FERRAIO, à CASA DUCHAQUET. Des tirs très efficaces sont exécutés dans la région du col de VOLTERRAIO. C'est au cours des réglages de ces tirs que le S/Lieutenant GIRARDEAU, observateur avancé de la 5° Bie, est blessé à l'épaule droite par balle. Son attitude à cette occasion lui vaudra la Croix de la Légion d'Honneur. D'autres tirs sont encore exécutés, notamment à midi sur le port de RIO MARINA, situé sur la côte Est de l'ile, face à l'Italie. Le moral des canonniers est de plus en plus élevé, chacun sentant que l'Allemand est en pleine fuite et que la bataille de l'île d'Elbe est gagnée. Effectivement le tir sur RIO MARINA est le dernier exécuté par le Groupe. La campagne de l'île d'Elbe avait pris fin.
Il reste au Groupe la joie de pouvoir profiter de sa victoire, dans cette île très pittoresque. Des excursions sont organisées, avec visite des principales installations militaires allemandes. Le Chef d'Escadron accompagné de trois officiers de l'E. M. du Groupe ascensionnent le sommet du Monte CAPANNE, point culminant de l'île (1019 mètres) où ils scellent dans le roc un mat de pavillon auquel ils font flotter nos trois couleurs. Mais l'ordre de départ arrive et en fin d'après midi du 11 juillet, le Groupe voit s'estomper les côtes de cette île dont le prix a coûté cher à la Division, mais qui laisse à chacun d'agréables souvenirs et de précieux renseignements pour les combats futurs. Le 2èmeGroupe du R. A. C. M. aura la gloire d'être le seul de la Division, et sans doute de l'Armée Française, à avoir participé en entier à un débarquement de vive force en Europe.
III - DEUXIEME SEJOUR EN CORSE
Le Groupe arrive en CORSE le 12 juillet. Il exécute une école à feu et participe à une manœuvre de Division. Les bruits les plus divers circulent au sujet de cette manœuvre : le terrain représente, parait-il, exactement celui sur lequel devront se dérouler nos prochains combats. Aussi les imaginations s'en donnent-elles à cœur joie et chacun de faire une foule de suppositions.
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Dans la nuit du 14 au 15 août, le ciel est plein du bourdonnement des avions. La radio du 15 nous apprend le débarquement allié sur la Côte d'Azur. Le voile commence à se soulever.
Le 23 tout le Groupe est dirigé sur les aréas aux environs d'Ajaccio. Il embarque le lendemain sur deux L. S. T. Le Colonel Commandant l'A. D. est avec nous. Le convoi appareille en fin de journée. Et le 25 à 10 h. 00 il arrive en vue des côtes de FRANCE. Les jumelles sont braquées, on interroge ceux qui connaissent les côtes de PROVENCE. Au fur et à mesure de notre approche, les détails apparaissent. Enfin nous arrivons à baptiser les villages que nous apercevons au bord de la mer : ST. TROPEZ et Ste MAXIME. Vraiment, nous y sommes !
A 17 h. 30 un de nos deux L. S. T. aborde sur la plage entre la NARTELLE et le VAL d'ESQUIERES. Le deuxième L. S. T. n'abordera que le lendemain matin.
IV - CAMPAGNE DE FRANCE
A — OPERATION de TOULON
Le 26 la 4° Batterie est en position à 500 m au Nord du fort LAMALGUE et elle exécute des tirs sur le MOURILLON. Les 5° et 6° Bies la rejoignent dès leur débarquement. A 19 h. 00 le Groupe au complet tire sur les ouvrages environnant, ST. MANDRIER.
La soirée est merveilleuse. Tout est calme. Seuls quelques incendies éclairent TOULON bien meurtrie. Pourtant la joie est dans nos cœurs. Nous sommes en FRANCE et nous voyons le Boche partout battu. De tels moments nous payent largement de cinq années d'humiliation et d'impatience. La vie redevient belle !
Dès le lendemain nous recommençons des tirs sur les ouvrages de ST. MANDRIER. C'est en effet dans la presqu'île que se sont réfugiés les survivants de la garnison de TOULON. Encerclés, ils résistent encore. En fin d'après midi nous recevons l'ordre de ne plus tirer sans ordre du Colonel Cdt l’A. D. Des pourparlers sont en cours avec l'Amiral allemand. Nous apprenons plus tard que la reddition aura lieu demain matin à 8 h. 00. La bataille de TOULON est terminée le 28 à cette heure.
B — BIVOUAC à TOULON
Le Groupe va occuper un bivouac dans la région d'OLLIOULES. Ces quelques jours de répit sont mis à profit pour revoir le matériel afin de le préparer aux combats futurs. Ils servent aussi à nous permettre de reprendre contact avec la FRANCE, de juger sur place de l'état d'esprit des Français restés dans la métropole et de voir les plaies que porte notre malheureux pays.
C — MONTEE VERS LE NORD
Le 5 septembre le Groupe reprend sa marche en avant vers le Nord. Après une halte forcée de 13 jours à VALENCOGNE, à une cinquantaine de kilomètres au nord de GRENOBLE où nous recevons un accueil enthousiaste, le Groupe repart et le 21 septembre s'installe en position à SOLEMONT, dans la boucle du Doubs.
A VALENCOGNE le Groupe a commencé à engager des jeunes Français.
D — OPERATIONS DE LA BOUCLE DU DOUBS
A partir de cette date et pendant 1 mois et demi le Groupe va être engagé en situation défensive. Les journées se passeront, assez monotones, à faire les accrochages quotidiens et à exécuter les quelques tirs demandés et observés soit par les observateurs avancés, soit par les Capitaines de leurs observatoires normaux, soit par les observateurs aériens. Il exécute aussi des tirs avec des obus à tracts. Quelques tirs d'arrêt sont aussi effectués, rares car l'ennemi n'est pas agressif.
Après SOLEMONT, le Groupe va s'installer à VILLARS sous DAMPJOUX, puis à CHAMESOL.
Pendant cette période le Groupe voit partir avec regret tous ses Sénégalais, ramenés vers le Midi Méditerranéen. Ils sont remplacés par de jeunes Français, certains d'origine F. F. I., recrutés pour la plupart dans les régions que nous avons traversées et aux environs de NANCY. Désormais, notre Division est une des seules grandes unités de la 1ère Armée entièrement blanches.
Le 11 novembre nos arrières s'animent. Des Groupes d'artillerie lourde viennent s'installer à côté de nous, ainsi que de l'artillerie de D. B.
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De nouveaux régiments d'infanterie, 6° R. T. M. et 9° Zouaves, montent en ligne. Enfin arrivent des chars el des chasseurs de chars. La colonne de ravitaillement du Groupe est en plein travail depuis plusieurs jours. Elle exécute des ravitaillements massifs en munitions. Il s'agit en effet non seulement de mettre en place des approvisionnements pour le Groupe, mais aussi pour tous les Groupes de renforcement. Jours et nuits, sans interruption, c'est une navette continuelle en vue de constituer un gros dépôt avancé. C'est un travail pénible, fatiguant et ingrat mais de sa réalisation dépend le succès de l’opération à venir. Chacun sent que le jour. J approche et oublie d'un seul coup toutes les misères que lui a causées ce séjour dans ce pays déshérité où le froid et la neige sévissent depuis un mois.
E — BATAILLE de la BOUCLE DU DOUBS
Effectivement l'attaque doit avoir lieu le 13. Elle a pour but de briser le dispositif ennemi qui nous fait face, puis d'exploiter rapidement en direction de l'Alsace et du Rhin.
La journée du 13 commence. Il a neigé toute la nuit et la chute continue. La visibilité est nulle. Aussi l'attaque est-elle suspendue. Dans la soirée !es ordres arrivent : l'attaque aura lieu demain.
Et le 14 à 11 h. 30 l'artillerie se déchaine dans le s/secteur ouest de la Division. Notre section de 57 antichars qui fait partie d'un détachement d'infanterie à l'extrême gauche de la 9° D. I. C. se trouve dans une situation critique. Les hommes se battent au fusil et au fusil mitrailleur. C'est au cours de cette affaire que le canonnier MOURGUET est tué à son poste de combat par éclat de mortier.
La bataille s'étend au s/secteur est. La ferme GRATTERY et ECURCEY sont pris. Le lendemain c'est ROCHES LES BLAMONT qui tombe entre nos mains. La résistance ennemie rencontrée près de la frontière suisse est vaincue et le bois de CHATEL est occupé.
Le 17, à 13 heures, le Groupe fait un bond en avant rendu difficile et long à exécuter par suite de l'embouteillage du seul itinéraire praticable. Il s'installe à la ferme LES MALTIERES, aux lisières sud-ouest de ROCHES LES BLAMONT. La matinée du 18 est marquée par la mort du Cier BOTELLA, de la 4° Bie, sauté sur une des mines qui infestent la région où les batteries sont déployées. A 14 heures, le Groupe fait mouvement sur DASLE. Le village a été libéré le malin seulement et c'est au milieu d'un bel enthousiasme que le Groupe s'installe dans le pays. Les habitants ne savent que faire pour nous être agréables.
Aucun tir n'est exécuté de cette position que nous quittons le 20 novembre au début de l'