♪♫ Souvenirs, souvenirs...♪♫
On a tous, sans exception, gardé des souvenirs de notre passage sous les Drapeaux. Voici quelques anecdotes d'Anciens et n'hésitez pas à nous faire partager vos bons ou moins bons souvenirs afin de nous faire rappeler un moment de notre jeunesse que nous avons eu, je crois, la chance de connaître !
Fast and furious ?
Dans l'album-Souvenirs, on voit la photo de la deudeuche camionnette du vaguemestre… qu'un de mes collègues chauffeur du garage de la BCS avait sauvagement écrabouillée contre le trottoir à l'endroit précis de cette photo. Le gars s'appelait Michel Le R… (Comme le corsaire d'un feuilleton TV des années 70), c'était une vedette ! Record du monde de jours de trou. C'est grâce à lui que je me suis pris 15 pains. Un jour j'étais son chef de bord et dans une petite rue de Saarburg qui descendait très fort nous avons croisé un Berliet qui remontait. Le code de la route militaire nous indiquait que le véhicule montant était prioritaire. Je lui ai donc signifié de ralentir et de serrer sur la droite pour le laisser monter…. Tellement bien serré à droite que nous avons accroché le store d'un commerce, roulé sur les cageots de salades et terminé notre course dans la vitrine du magasin !
Le proprio hurlait 5 000 marks, 5 000 marks… fou le mec. A peine le temps de descendre du Berliet, une Cortina Kaki avec la galerie qui clignotait est arrivée, 4 flics de la Polizei armés avec des grands cirés verts style « il était une fois dans l'ouest » nous encerclaient Le R… et moi et voulaient nous embarquer manu militari (c'est le cas de le dire). J'ai refusé de les suivre et leur ai demandé d'appeler la Gendarmerie Française pour qu'ils nous prennent en charge. C'est ce qui s'est passé et au final, les keufs Français étaient sympas. Ensuite jugement de l'affaire, Le R… et moi 15 jours de tôle chacun. Comme je faisais bien mon boulot de secrétaire au Garage de la BCS, le sergent chef Laisné et le Capitaine Broux ont plaidé ma cause pour transformer la peine de prison en 15 jours de Semaine…. La photo ou je suis chef de poste est de cette période là ! Monter la semaine pendant 15 jours c'est assez dur à assumer, mais c'était mieux que d'aller au trou.
Pour terminer cette histoire, le célèbre Le R… n'avait plus le droit de conduire un Berliet, trop de casse ! Le chef Laisné lui avait refilé un vieux GMC avec lequel il faisait les poubelles… Et bien le GMC, suite à une marche arrière malencontreuse a terminé sa course au travers du mur du magasin du garage de la BCS, celui-là même qui se trouve dans les photos du site, là ou l'on percevait le carnet de bord et le lot de bord des véhicules.
Michel VAILLANT ?
Mon pote Gilbert C… était le chauffeur du Colonel. Le soir il rentrait la voiture au garage. Comme c'était un as de la conduite, quand il n'y avait pas de gradé au garage, accélération dans la grimpette, coup de frein à main et la 204 se mettait en travers et passait au dessus de la fosse de vidange en glissant latéralement. C'était impressionnant ! Tout le monde attendait ce moment spectaculaire, puis Gilbert garait calmos la 204 à coté des Jeeps Hotchkiss et Willys du garage (que j'ai retrouvé dans les photos du site également) comme si de rien n'était… Sauf qu'un soir le célèbre Le R… a repris la 204 du Colonel, accélération dans la grimpette, coup de frein à main….. et la 204 est tombée de travers dans la fosse de vidange…. Complètement broyée la voiture du Colonel. Quand nous sommes partis de Trèves, notre collègue était toujours au trou.
NBC.
Très vite j'ai basculé sur une formation NBC puis instructeur auto école et affecté au garage (responsable le sergent chef Laisné) dans le bas de la piste à char. Le chauffeur du colonel (204 noire), c'était mon pote Gilbert C… qui a fait par la suite Paris Dakar avec son frangin sur Buggy Seiko et avec qui je suis resté longtemps en contact… puis disparu dans le brouillard de la vie. Son père était dentiste à Creil.
Manœuvres à Mailly, Suippes, Mourmelon, en Allemagne à Baumholder ou je partais souvent en précurseur pour installer le camp. On partait en train et on « brélait » nos véhicules sur les wagons. Avec ma remorque 600 litres de décontamination NBC accrochée au cul de mon Berliet (citerne que j'avais gardée en parfait état de propreté sans antigel), j'allais chercher de l'eau fraiche dans les casernes proches des campements pour mes collègues. Le sergent Chef Bourriguant était responsable du matos NBC ainsi que l'adjudant Duval.
Et c'est la roue qui tourne...
Saarburg a bien changé ! En 1973 il était de coutume que celui qui avait le plus gros tas de fumier devant sa porte était le plus riche agriculteur et il y en avait des monticules mal odorants devant les habitations. Le foyer en ville, j'y suis retourné avec mes parents après la quille et leur ai acheté des montres et un appareil photo lors d'un pèlerinage. Le chemin de la gare vers la caserne, au grand désespoir des riverains nous ne l'empruntions jamais. En sortant de la gare il y avait un petit chemin qui traversait les jardins et qui arrivait directement à la caserne, un raccourci en quelque sorte ! Il suffisait de sauter au-dessus d'une barrière depuis les rails de la gare et hop !
Quelque part, ça fait mal au ventre de voir tout à l'abandon. Avec du recul, nous étions des forces d'occupation sous le couvert de l'OTAN à l'époque, ce qui n'a plus lieu d'être. Piste à char, champ de tir... non dé diou, ma jeunesse ! En chemin sur la piste à char il y avait un dépôt de carburant en lisière du bois où j'ai monté plusieurs fois la garde. Nous avions ordre de tirer sans sommation sur tout véhicule portant une plaque blanche avec des chiffres rouges ! il nous ont bien fait flipper ces enfoirés- là avec cette connerie ! Et en même temps, ils te disaient que si tu déplombais l'emballage du chargeur des balles du FSA, tu avais un rapport « grave » au cul. Quand on voit aujourd'hui comment les Journalistes ou humanitaires se font égorger et décapiter en Syrie, si danger réel il y avait eu, avec ou sans le rapport au cul, nous n'aurions eu aucune chance de survivre à une attaque de la réserve de carburant. Les bidons vides qui se rétractaient avec le froid de la nuit et les écureuils qui faisaient tomber des noisettes sur la guérite , un vrai Thriller style Mickael Jackson en temps réel, de quoi te faire apprécier la vie une fois la quille acquise mais bon, on met ça dans sa poche avec le mouchoir dessus… ça n'intéresse plus personne… le service militaire dure deux jours maintenant… et les mecs sans boulot qui ne savent pas lire ne sauront jamais lire et continueront de cramer les bagnoles d'occase des mecs qui en ont besoin pour aller bosser, malheureusement c'est ça la vraie vie, moins belle que sur la 3 chaque soir.
Dominique L. (73/08 au 9ème)
:-/ Un certain 1er août 1992. :-/
Le régiment a été dissous et un autre régiment a pris la place : le 61ème RA. Nous, les appelés, sommes restés mais tout l'encadrement est parti. D'autres gradés ont pris leur place, avec le graton vert. Nous sommes passés des TDM à un bête régiment de l'armée de terre. Nous avons dû changer nos tenues, mais certains récalcitrants gardaient l'ancre dorée sur leur bérets. La plupart des gradés n'avait que la médaille de bronze de la défense nationale (que j'ai reçue lors de mon service comme BCP) comme décoration, c'était ridicule.
Avant de partir on devait tout dépenser et ne rien laisser pour le 61ème RA. Les véhicules tournaient jours et nuits pour griller du gas-oil, les magasins ont été vidés (je me suis retrouvé avec un stock de piles AA armée française qui m'a duré 1an !) et on devait vider les munitions. Mon Adjudant-chef BISCHNAU nous emmenait tirer au PAMAC 50 pour vider le stock. Au début c'était marrant. Après on était blazés.
Stéphane J. (91/12 au 9ème).
Garde enneigée.
À mon époque (64/65) le 8ème était chargé de surveiller un dépôt d'essence le long de la Moselle vers la frontière du Luxembourg (+/- 30 Km de Saarburg), les citernes étaient dans des grottes à flanc de colline et les pompes se situaient en bas entre le pied de colline et la route.
J'ai d'ailleurs pris la garde de 72 heures (la seule en 16 mois) le jour de Noël, ce sont de bons souvenirs, car malgré le froid on buvait le ''schnaps'' sur la route enneigée avec les Allemands du secteur ...
Jacky B. (1964-1965 au 8ème).
Rencontre inopportune.
Je me fais plonger par l'adjudant chef GRAVEAU pour un mois de permanence à la cuisine pour une p'tite connerie. Pas le droit de sortir de la caserne, permanence en cuisine du matin 5 h au soir après avoir surveillé les hommes de corvée de pluche.
Le 1er soir, je mets tout en place, passe les consignes aux "plucheurs" fais le mur et au détour d'une rue rentre en plein dans un mec. J'étais bien sûr en civil.
Le bonhomme surpris me reconnait, c'était l'adjudant qui le matin m'avait consigné pour un mois. Du coup il m'en a mis pour 2 mois.
On n'avait pas de prison en cuisine sauf faute très grave mais on avait des consignes très sévères ou on était scotché en permanence à la cuisine. (Faute de personnel car il fallait faire des repas pour entre 600 et 700 personnes donc pas de prison).
Pas d'omelette sans casser des œufs !
En cuisine, bataille d'œufs frais; le capitaine BOITEUX entre et juste au moment où j'entends « à vos rangs fixe » , je lance un œuf sur un collègue qui bien évidement l'évite en se baissant, mais malheureusement l'œuf s'écrase sur le coin du fourneau, s'éclate juste devant la porte ou le pitaine venait de rentrer et plouf, 15 jours de permanence; le pitaine a dû se rendre chez lui pour se changer...
Alain C. (70/06 au 8ème et 9ème).
Rafale de souvenirs.
"... les souvenirs reviennent en rafale !!! La B11, puis le PEG et la B1 en tant qu'armurier. Je revois les copains, les tables du foyer avec Oh combien de bouteilles de bières vides avec lesquelles on formait une ancre de marine ! Le livret d'incorporation sur lequel on avait inscrit : Incorporé par erreur, gardé par oubli, libéré par pitié !"
Bernard D. (80/08 au 9ème)
L'alcool est dangereux pour votre santé. Buvez avec modération... et les copains !
La sentinelle endormie.
J'étais de garde à l'entrée principale (dans la petite guérite) sur le créneau 3h/4h du mat. Le chef de poste et moi, nous nous sommes endormis pendant 1/2h 3/4 d'heures et donc pendant tout ce temps le régiment est resté ouvert...
Je suis assez précis sur les horaires vu que je n'arrêtais pas de regarder l'heure...
1/4h après, les premiers militaires qui remontaient de Trêves arrivaient. On a vraiment eu chaud...
Entre temps le chef de poste est devenu mon ami. Il habite près de chez moi, on travaille ensemble dans le même service et dans la même entreprise et nous étions aussi du même contingent, comme quoi...
Quand on en rediscute avec mon copain qu'est ce qu'on rigole.
Dans mon entreprise nous sommes 4 à avoir fait notre SN au 9ème RAMa et tous les quatre du même contingent (87/10), deux à la B4 un à la B2 et un à la BCS.
Franco S. (87/10 au 9ème).
Passation de commandement.
Pour la passation de commandement entre les Colonels EMIN et BURTIN, on avait tout fait briller, les pneus des camions étaient cirés, les patins de char brillaient aussi car ils avaient décidé que l'on défilerait avec tous les véhicules dans la caserne en partant de la porte Sud, en face de L'hôpital, et que l'on ferait le tour de la caserne en passant devant la tribune officielle. Pour être plus visibles, tous les camions avaient enlevé les cabines et, à l'arrière, il ne restait que les ridelles.
Hélas, nous avons défilé sous une pluie, cela tombait à seaux et lors du départ du défilé qui devait être ouvert par un AMX 13 avec le canon de 155 et les servants sur la pièce, le char n'a pas démarré. Il fallut faire remonter le char de dépannage pour le tirer et on a ouvert le défilé avec le char de dépannage, celui-là même qui aurait dû fermer le défilé.
Rapide comme un pélot.
Nous avions également le centre équestre pour les concours de saut d'obstacles. Les femmes et filles de gradés venaient faire de l'équitation ainsi que les gradés des autres régiments qui faisaient des concours. Il y avait un prof d'équitation, un appelé comme moi mais lui de la 6 qui à notre grande surprise ne resta qu'approximativement trois semaines le temps d'avoir sa première perm. Durant celle-ci, il s'était marié : célibataire le matin et père de famille nombreuse le soir. Il avait épousé une veuve avec 4 enfants. Il n'est revenu que pour rendre son paquetage.
Boire ou conduire…
Le régiment a reçu une fourragère en mai 1978 car le peloton d'élèves gradés que nous étions a fait une marche de 80 km dans les gorges du Verdon en 2 jours avec l'armement et le paquetage au complet. Il me semble que nous avions la fourragère rouge et c'était pour la verte et jaune. C'était à notre première manœuvre à Canjuers, en descendant en train, car nous avons eu le privilège de faire 2 fois Canjuers. D'ailleurs, cette fois-là, nous avions un camarade qui devait un mois de rabe et le LTC EMIN avait décidé qu'il ferait la manœuvre et serait libéré là-bas. Seulement le lascar, la première semaine, il a décidé de faire une virée en ville, en volant une jeep, mais ayant bien arrosé sa sortie, en rentrant (c'était à cette époque le lieu du rallye des milles piste sauf erreur) il est sorti de la piste, lui sain et sauf par contre la jeep morte HS. Le patron à déclaré qu'il fallait le rendre immédiatement à la vie civile car il coûtait trop cher à l'armée.
Note du webmaster : un Ancien, à l'œil averti, me signale que le rédacteur de cette anecdote doit faire une confusion dans les fourragères. En effet, notre régiment portait, alors, la fourragère aux couleurs de la croix de guerre des T.O.E. (gris-bleu filet rouge).
Il était une fois au Belvédère.
À droite, avant l'entrée, il y avait le 403ème BCS qui fut dissout en 1978. C'était un régiment qui faisait passer les permis de conduire pour tous les régiments de Trèves.
Sous le porche d'entrée, à droite, c'était la pièce pour la garde et à gauche la prison qui était sous la responsabilité d'un brigadier de la Légion. Lorsqu'il avait besoin de matériel comme des piquets pour tuteurer les arbres, il envoyait les taulards les récupérer dans les vignes, en dessous, sans qu'ils se fassent prendre.
Peace and love.
Lorsque le régiment était en manœuvres, cela devait être à Suippes, 2 margis engagés avaient eux aussi bien arrosé la coloniale au point de détruire un bar. Je ne sais pas exactement comment ils se sont retrouvés dans les mains de la gendarmerie, mais ils furent remontés très rapidement au régiment et mis aux arrêts de rigueur, mais pas en prison car officiellement ils n'étaient pas partis en manœuvres. Dans la bagarre, ils avaient perdu leurs portefeuilles. N'étant pas parti en manœuvre, faisant « officier de semaine » et n'étant pourtant que bi-chef, c'était moi qui leur apportais leur repas dans leur chambre. Quelques semaines plus tard ils furent rendus à la vie civile.
Il y en a eu également deux qui furent arrêtés et dont nous n'avons pas eu de nouvelle. Le premier était un appelé pour qui le courrier avait une importance cruciale. Un matin il est passé à la semaine pour prendre son courrier avant l'appel pour la soupe. Il se présente et demande au margis appelé de pouvoir regarder si il avait du courrier. Celui-ci lui interdit d'entrer dans la semaine, il redemanda qu'il regarde si il avait du courrier et de bien vouloir lui donner dans ce cas. Le margis, qui refusa, voulut le rabaisser comme deuxième classe et que c'était lui qui décidait si il lui donnait son courrier ou pas quand et à quelle heure. Le deuxième classe vut rouge, lui montra que c'était lui le plus fort avec un coup de poing dans la figure qui le mit par terre. Le problème fut qu'il s'acharna à coup de rangers dans la figure. Le margis partit pour un mois à l'hôpital au pied de la caserne et le deuxième classe pour la forteresse de Landau. Nous n'avons plus eu de nouvelles de ce dernier.
Terroriste ?
Pour les permissions, nous avions deux possibilités : soit les trains militaires en gare de Trèves, ce qui était assez rare, ou le bus jusqu'à Thionville. Lors de la première perme, après la manœuvre de Canjuers, nous avions pris le bus et comme tout le monde à cette époque, il y avait une douane ou l'on s'arrêtait systématiquement. Nous faisions la reconnaissance des bagages et passions dans une guitoune ou un douanier ouvrait et regardait rapidement l'intérieur et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il trouva, dans un sac, une partie de chapelet de 12,7 (une trentaine de balle réelles) et deux grenades à plâtre. Son chemin s'est arrêté là et nous avons eu une fouille beaucoup plus approfondie et nous n'avons jamais revu le propriétaire du sac.
René F. (78/04 au 9ème).
Le général Claude VANBREMEERSCH*.
Avec deux ou trois autres appelés ayant quitté sans gloire pour diverses raisons le peloton préparatoire EOR à Fréjus, après un cheminement ferroviaire via Metz où nous avons été hébergés, nous arrivons un matin de février 1972 à Saarburg.
Renseignements pris la caserne est en haut de la côte. Y étant presque arrivés, paquetage sur le dos, l'un de nous avait pris de la distance et de loin nous le voyons parler relax avec un militaire que nous ne l'avions pas vu saluer.
Arrivés près du duo nous nous apercevons qu'il s'agit d'un général deux étoiles, que nous saluons réglementairement pour éviter une arrivée foireuse et que de toute façon il fallait le faire. Mais le général nous met au repos aimablement et connaissant notre récente affectation nous souhaite la bienvenue. Ayant salué son départ, nous questionnons notre collègue sur son attitude débonnaire. En fait il avait bien vu les deux étoiles, mais pensait qu'il s'agissait d'un insigne régimentaire. Il est vrai que ce n'était que le deuxième général de notre courte carrière militaire et celui-là allait à pied. Je ne sais pas le nom de ce général si accueillant et peu caporal sur le règlement. Il a encore mon respect plus de quarante ans plus tard.
*Nom retrouvé par Michel Coury en 2023.
Clodo.
Peu après mon incorporation au 9° RAMa, je suis affecté à la BCS. Pour le service de tous les jours on me remet un bleu de chauffe (veste/pantalon) sans boutons, à la place du fil de cuivre. Et pas grand monde au régiment. En fait il était en déplacement « Puma » (on met absolument tout dans les camions et on va en manœuvres). Je suis resté habillé en clodo au moins trois jours.
Balai.
Inévitable corvées de balayage. Nous étions deux ou trois échelonnés dans les étages à faire les escaliers, lorsque j'entends plus haut du chahut et du bois brisé. Puis je vois arriver sur moi un type énorme qui tente de m'arracher mon balai. Je n'aime pas cette manière. Je venais d'arriver au Corps. Héroïquement je défends mon outil et dit « non ! ». Le géant curieusement n'insiste pas. J'ai eu du pot on m'informe après qu'il s'agit d'un dingo qui passe sa vie en prison militaire, faisant connerie sur connerie et que son plaisir est aussi la castagne. Je ne l'ai jamais revu.
Sirène.
Ma chambrée était au bout du couloir. Le sergent de semaine aimait réveiller la troupe avec la sirène sur pied… qu'il plaçait presque devant notre porte. Réveils rock and roll !
Retour de perm'.
Vous vous souvenez les retours de perm au petit matin. On pousse la porte de la chambrée et une odeur forte…Heu…Très forte, fait comme une seconde porte. Alors on entre et il faut bien s'habituer. Imaginez chez les fantassins !
Petit déj'.
06h00 arrivée des premiers au réfectoire. Lumière ! Ha les cafards préfèrent la pénombre. Les voilà en longues colonnes qui apparaissent aux jonctions plafond/murs et descendent par les angles des murs vers leurs passages menant à leur casernement. Le premier jour çà surprend. Donc la nuit eux, le jour les Bigors.
Champignons.
Un matin un sergent vient chercher des CST de garde au dépôt de munitions. En jeep. Retour par les bois. Certains ayant une envie pressante, stop et dispersion à proximité. Soudain un type se dresse devant la jeep alors que nous allions repartir. Sous la menace d'un fusil de chasse nous comprenons que nous sommes en état d'arrestation, lui étant garde-chasse, pour braconnage de champignons. Je ne me rappelle plus exactement comment nous avons pu repartir. Le type était manifestement plus saoul qu'un Bigor au Père-cent.
Michel C. (versé au 9ème en 72/02).
Concernant la photo ci-contre, n'oubliez pas que fumer, même des "TROUPE", nuit gravement à votre précieuse santé !
Claque.
Dimanche. Campo en chambrée. Réglementairement pas de silence aux caporaux, pas de salut aux sergents. Dans la chambrée face à la mienne un brave type se prend une claque de sergent pour ne pas avoir salué. Bon alors rapport au capitaine. Un officier rang proche de la retraite, pas chiant (lui aussi a mon respect éternel). Convocation dans son bureau le lendemain. Le sergent, le Bigor et moi. Le pitaine a demandé à la victime s'il voulait donner suite et nous indulgents avons dit que non. Cette affaire en est restée là. Peut être une soufflante après notre départ. Je n'en ai plus entendu parler. Un peu une autre affaire Patton !
Présentez-arme.
Février 1972. Peut-être trois jours après mon arrivée au 9°RAMa, prise d'armes sur la place du même nom. D'un côté les Chasseurs, de l'autre les Bigors. Tous avaient été avisés de cette cérémonie. Moi pas. M'apercevant qu'il se passe quelque chose, et après confirmation du truc, je me précipite flingot en main. A bord de la place, je vois un type avec une barrette. Je lui fais un impeccable présentez-arme. Je m'aperçois que c'est un adjudant. Crosse au pied, je bredouille et vais fissa à l'emplacement désigné. Les jours suivants j'apprécierai cet adjudant Breton, ancien plombier engagé faute d'emploi. Il signait les demandes de perm refusées par le lieutenant. Un officier rang peu cordial.
Moi aussi !
Gueule de pas-commode, genre à lui parler poliment, l'adjudant-chef (Louis PRUAL) de la BCS donnait toujours ses ordres suivis d'un « moi-aussi !». Il a fini par nous dire pourquoi. Imaginant que nous pensions « on t'emmerde !» à chaque exécution, il nous donnait la réplique. En fait non. Il était respecté car juste et proche de ses gars. Mon adjudant-chef, quarante-deux ans plus tard, dans le cadre du site « 8° & 9°RAMa », je vous ai contacté via recherche sur « les pages blanches » et alors Major honoraire vous m'avez prêté des photos. Peu après le magazine l'Ancre d'Or annonçait votre décès. Résistant, Indo, Algérie, Légion d'Honneur, Médaille militaire, entre autres. Vous qui deviez mastiquer du chewing-gum suite à une blessure à la mâchoire. Qui avait vu tomber des camarades près de vous. Je vous dédie avec respect ce modeste souvenir.
La garde.
Dans le froid de la nuit polaire d'hiver teuton, le CST moyen est chargé de garder le dépôt de munitions. Des silos plus ou moins enterrés au cas ou ça péterait.... Justement en cette année 1972 la bande à Bader menace. On double (autant qu'on l'ait dit) les gardes pour ne pas se faire chourer les explosifs. Le tout entouré de barbelés quasi infranchissables. A l'intérieur du périmètre, à presque toucher la clôture, une guérite en béton, sans porte ni protection. Au-dessus une ampoule éclaire dix mètres carrés. Manque plus qu'une cible sur le ventre du Bigor. Lequel si il n'est pas trop con va se planquer dans les buissons, ou les arbres, derrière la position. Tout de même avec son MAS 49 il a un chargeur de cinq cartouches dans un étui de toile ouvert (en période calme l'étui est cousu). Donc si un gus tente de franchir, pan dans sa poire. D'autant que circule l'histoire de la fille d'un officier venant de nuit faire du gringue à son copain de garde. Pas de pot il a été remplacé et le nouveau est strict de la queue de détente. La fille se fait tuer. Mais ce Bigor a rempli la mission et il reçoit la fourragère noire qui distingue les sentinelles efficaces.
J'ai longtemps demandé si un glorieux militaire n'avait jamais obtenu cette fourragère mystérieuse. En fait elle na jamais existé, pas plus probablement que l'amoureuse ci-dessus.
Signaleur.
On m'a planté un jour en plein terrain boueux dans un des terrains de manœuvre Champenois. Mission, agiter un drapeau dans un sens précis pour signaler la route des colonnes de blindés qui allaient arriver. Blindés ; drapeau agité frénétiquement dans le sens ordonné (je suis certain de ne pas m'être trompé). Et la colonne va dans le sens opposé. Soit on m'a indiqué n'importe quoi, soit la manœuvre a varié. De toute façon : vexé !
Club.
Au dernier étage au dessus d'une Batterie où je ne mettais jamais les pieds, j'ai découvert en suivant un pote, le club photos du régiment. Dans les combles, de quoi traiter des clichés en noir et blanc. Suffisait d'acheter le papier. Sympa. En plus un électrophone et…deux disques. Dont celui de James Taylor « You've got a friend ». Très belle ballade. Insensibles et nuls en anglais pouvez pas suivre.
Plus de quarante ans après, ayant acheté le disque, je le passe toujours.
Suippes.
Faut bien mettre un titre. Ou Bitche. Je ne sais plus. Je ne devais pas être trop utile une fin de semaine, je pars en fausse et en stop à Paris pour saluer une amie. Des gens m'embarquent, je m'endors et me réveille à une porte de la capitale. Chose que j'ignorais, mes parents (pour me faire une surprise) arrivaient au camp. On me cherche. Ils repartent. Je reviens subrepticement le lendemain. Dieu notre Patron était de mon côté, je n'ai jamais entendu parler de mon « évasion ».
14 juillet.
Encore en manœuvres en Champagne. Garde au parc à chars. Une seule ampoule peu vivace au-dessus. Scène blindo-kakiesque. Fête nationale. Un peu partout ça danse, ça s'amuse, à minuit feux d'artifice sur la France. Ma lampe s'éteint juste à ce moment. Triste non ?
Plus dur que Fort Boyard !
J'avais une voiture, modeste, sur le parking devant la caserne à Saarburg. En perm, on allait à deux, trois, quatre, jusqu'à Metz, je garais l'auto dans le coin et on prenait le train.
Au retour, on calculait un rendez-vous gare Paris-Est, pour être à l'heure à l'appel. Donc de très bon matin nous voilà autour de la voiture. Je donne les clefs à celui qui allait être le passager avant, il ouvre sa portière et me jette le trousseau par-dessus le toit (oui je sais on dit pavillon dans les garages). Bien sûr je ne le rattrape pas et il tombe direct dans un carré d'égout. Impossible à desceller à mains nues le truc. Un gars de la gare nous prête une barre à mine, on soulève la fonte. Pas ce clés en vue, mais on comprend vite qu'il y a là une sorte de faisselle pleine d'une matière boueuse et puante. Les clés probablement au fond. Vu le temps restant à atteindre la caserne il fallait prendre une décision … Et une boite de conserve vide. La faisselle ayant un diamètre à peine plus grand que les épaules d'un bonhomme, l'un de nous a tenu la boite vide au bout de ses bras et nous l'avons engagé tête la première dans la bouillasse en le retenant par les pieds. Il remplissait la boite de gadoue, on le remontait. Après plusieurs descentes, les clés ont pu être extirpées. Je crois me souvenir que nous sommes arrivés à l'heure.
Invasion du Luxembourg…
En perm, avec un autre bidasse, dans ma bagnole on va faire un tour dans le coin. Tiens si on allait au Luxembourg !
Bon on a visité vite fait. Au retour à la frontière, Gendarmes français. C'est comme ça qu'on a appris que « pas bien d'aller à l'étranger ». Huit jours !
On ne les a jamais faits.
Michel C. (versé au 9ème en 72/02).
Épidémie ?
Vers la fin de mes classes, avant la remise de la fourragère et donc la première perm', paf ! Un cas de méningite se déclare dans la caserne (?) ou dans les environs (?). Nous sommes restés confinés dans nos chambres quelques jours, tirant une tronche d'enterrement et buvant, plusieurs fois par jour, une mixture qui consistait à noyer un ou deux comprimés dans notre quart rempli d'eau : ce remède était très salé et était censé être une prévention… je me rappelle d'un copain, du nom de CADET et rémois comme moi (à l'époque) qui mettait de l'ambiance dans la chambre et qui nous a aidé à surmonter cette « épreuve »…
Garder une dent ?
Un jour que j'allais mâchouiller un chewing-gum, j'en propose un à mon adjudant antillais (MASSOLIN « patron » du magasin du corps) qui l'accepte. Cinq minutes après, je le voyais s'agiter tout en se cachant de moi : il était tout bonnement en train d'essayer de décoller le chewing-gum de son dentier.... Les sous-officiers l'appelaient « diable » et il portait toujours son béret comme un marin du cuirassé Potemkine !
En 1990, soit 16 ans après mon retour à la vie civile, j'avais appris qu'il était affecté à l'École Militaire à Paris. Ni une, ni deux, je me pointe, un lundi, à l'entrée de ladite école : hélas, mon adjudant avait fait son pot de départ (en retraite ?) le vendredi précédent ! Je n'ai jamais réussi à avoir de ses nouvelles …
Contre les incendies de forêt...
On était vraiment des gamins. Un copain remplit un préservatif avec de l'eau et arrive un moment où le "truc" ne devient plus tenable sauf à le laisser tomber par terre. On était au premier étage de la BCS, fenêtre ouverte et bien sûr, on balance par la fenêtre. Au moment où la "bombe" s'écrase au sol, arrivait le Capitaine de batterie (Broux .) qui s'apprêtait à franchir l'entrée de la BCS. Bien sûr, on n'est pas restés sur place. 40 ans après, J'ai l'impression d'entendre encore ses hurlements !
Après le bal, le trou de...?
Dans les derniers mois de mon Service, à Trèves, on avait un Margis sympa (du nom de PROT ??). Un samedi soir, il nous propose à mon pote Alain PIENNE (†) et à moi-même, de l'accompagner à une fête à Sierck-les-Bains (en France). Le bal battant son plein, il vient nous voir pour nous annoncer qu'il avait un rendez-vous (galant) et qu'il viendrait nous rechercher à telle heure… À l'heure dite, notre Margis arrive, la mine grave. Il avait eu un accident avec sa voiture et le radiateur fuyait abondamment. Résultat : nous avons fait les 50 kms pour regagner Le Belvédère, en longeant la Moselle et en s'arrêtant souvent pour y prendre l'eau nécessaire au radiateur de la pauvre voiture ! A chaque redémarrage, avec mon copain Alain, on poussait le véhicule assez longtemps. Je crois que nous sommes arrivés, peu fiers, au Belvédère vers 6 ou 7 h du matin mais notre Margis nous a couverts et on n'a jamais eu de sanctions !
Jean J. (73/10 au 9ème.)